Jusqu'aux Iles-de-la-Madeleine à vélo
6 mai 2024
Un archipel mythique au milieu de la mer, qu'il faut atteindre soit par avion, ou bien par une liaison maritime nécessitant d'abord la traversée de deux provinces. Comment y aller à vélo? Et surtout, pourquoi? Certes, c'est un moyen fantastique pour découvrir les Iles de la Madeleine, mais c'est aussi une excellente manière de s'y rendre, à condition d'avoir suffisamment de temps! Choisissez un de plusieurs trajets pour y accéder, et hop, à l'aventure!
Le trajet en un coup, ou deux ou trois?
La meilleure façon d'effectuer une tâche difficile en programmation, en cuisine ou en vacances est de la découper en plusieurs morceaux. On peut alors faire la même chose pour ce pèlerinage vers les Iles! Pour trancher l’expédition en deux, la ville frontalière de Campbellton marque la moitié de la distance entre Montréal et Souris, d'où part le bateau vers les Iles. Il est envisageable de prendre le train, opérant la liaison à partir de Montréal 3 nuits par semaine. Le transport du vélo est possible, moyennant des frais de 25 $.



Départ de Montréal, escale à Campbellton et arrivée aux Iles.
Vous souhaitez effectuer le voyage en 3 sections? Année 1 : faites Montréal–Campbellton et revenez en train. Année 2 : parcourez le Nouveau-Brunswick jusqu'à Shediac, puis bifurquez vers Moncton et rentrez encore par les rails. Année 3 : Retournez à Moncton, et roulez le reste de la trajectoire vers les Iles.
Combien de jours prévoir?
Si vous faites déjà du cyclotourisme, vous savez que la distance journalière dépend de plusieurs facteurs, mais oscille entre 50 et 150 km, selon le profil du cycliste, son vélo et son style de voyage. Un long périple comme celui-ci exige tout de même du temps, mais pour mieux profiter des attraits sur la route, on va tenir compte d'une moyenne entre 60 et 120 km.
Le parcours classique est recommandé aux débutants, car il passe par le Chemin du Roy et il revient sur la rive sud à partir de Québec. Cela vous amènera à visiter les lieux historiques datant de la Nouvelle-France sur la rive nord du fleuve, tout en vous faisant éviter les montées abruptes de Charlevoix.

Section | Distance | Mode relaxe60 km/jour | Mode motivé90 km/jour | Mode sportif120 km/jour |
---|---|---|---|---|
1. Montréal–Québec | 300 km | 5 jours | 3 jours ½ | 2 jours ½ |
2. Québec–Rimouski | 330 km | 5 jours ½ | 3 jours ½ | 3 jours |
3. Rimouski–Campbellton | 225 km | 4 jours | 2 jours ½ | 2 jours |
4. Nouveau-Brunswick | 670 km | 11 jours | 7 jours ½ | 5 jours ½ |
5. Ile-du-Prince-Édouard | 205 km | 3 jours ½ | 2 jours ½ | 2 jours |
Total | 1730 km | 29 jours | 19 jours ½ | 15 jours |
Si vous avez déjà exploré le Chemin du Roy ainsi que le trajet vers Rimouski par la rive sud, vous pourrez aussi faire l'inverse. Le parcours alternatif de Montréal à Québec n’augmente la distance que par quelques kilomètres. Le temps requis pour ce périple demeure alors pareil. Après Québec, par contre, ce parcours vous fera travailler vos mollets en gravissant les cols redoutables de Charlevoix.
Section | Distance | Mode relaxe60 km/jour | Mode motivé90 km/jour | Mode sportif120 km/jour |
---|---|---|---|---|
1a. Montréal–Québec | 305 km | 5 jours | 3 jours ½ | 2 jours ½ |
2a. Québec–Rimouski | 345 km | 7 jours | 4 jours ½ | 3 jours |
3. Rimouski–Campbellton | 225 km | 4 jours | 2 jours ½ | 2 jours |
4. Nouveau-Brunswick | 670 km | 11 jours | 7 jours ½ | 5 jours ½ |
5. Ile-du-Prince-Édouard | 205 km | 3 jours ½ | 2 jours ½ | 2 jours |
Total | 1750 km | 30 jours ½ | 20 jours ½ | 15 jours |
L’option royale et l’option champêtre
Peu importe par quelle rive vous pédalez pour joindre la capitale à partir de la métropole, vous serez ravis. Les deux itinéraires valent la peine d’être découverts pour diverses raisons. Il est même possible de changer de prendre un traversier entre Sorel et Saint-Ignace de Loyola. Les férus de l’histoire devraient automatiquement passer par le parcours classique, mais ceux qui aiment les rangs tranquilles trouveront leur compte par le parcours alternatif. Dans un billet de blogue précédent, les options ont été examinées en détail. À noter qu’en date de 2024, la navette de fluviale à Trois-Rivières n’est pas en service.


Là où le fleuve s’élargit
Si vous êtes arrivés à la capitale, c’est que c’est l’heure des décisions. Le parcours classique est à recommander dans la plupart des cas, à moins de vouloir un défi cyclosportif dans Charlevoix. La Route verte 1 passe à travers les beaux villages de Chaudière-Appalaches et du Bas-St-Laurent, tandis que sur l’autre rive, on doit franchir de plus grandes distances et faire travailler davantage nos mollets, avant d'effectuer la traversée vers Rimouski. À noter que ce service de traversier demeure hors service pour la saison 2024. Il faudra alors traverser à Les Escoumins. Pourvu qu’on soit mentalement et physiquement préparé, les deux parcours offrent un trajet sublime pour le cyclotouriste en quête d’aventures.


À noter que dans le tableau précédent (parcours alternatif), une pénalité de 10 km/jr a été ajoutée au segment Québec–Rimouski, pour prendre en compte sa difficulté.
Un tour de l'ile avec ça?
Que vous passiez par la rive sud ou nord, il y a moyen de greffer du kilométrage (et du panorama) en faisant un saut sur deux de quatre iles. D’un bord, l’ile aux Grues et l’ile Verte sont accessibles par des traversiers soumis à la marée. Certaines dates sont propices pour des visites d’un jour ou d’une nuit, alors qu'autrement, la seule traversée peut se faire en mi-journée. Pour explorer ces deux iles qui en valent la peine, il faut prévoir son coup et se synchroniser avec les marées.


Pour ceux roulant le parcours alternatif, l’ile d’Orléans s’apprête bien pour un tour d’un jour, mais il y a aussi des campings au bout de l’ile à Saint-François si l'on veut prendre son temps. Il est recommandé d’éviter les fins de semaine lorsque la circulation devient accrue. Le pont s'emprunte par le trottoir, et n’est pas de tout repos. Plus loin, le traversier gratuit et fréquent de L’Isle-aux-Coudres offre une escapade accessible et agréable au milieu du fleuve.
La Matapédia : un passage obligé?
Bien sûr que non! C’est un beau parcours à part entière, même si l’on ne suit plus le majestueux Saint-Laurent. D'abord, on laisse derrière nous les basses terres pour affronter quelques montées. Le dénivelé se stabilise à Val-Brillant, puisqu’on entame une lente descente le long du lac et de la rivière qui héritent le nom de la région. Faites vos provisions, car il y a un segment de 45 km sans services où la route et la rivière se suivent comme des amoureux. On aperçoit d'abord la rivière Ristigouche à partir du belvédère des Deux-Rivières à Matapédia. Une visite au Lieu historique du Canada de la Bataille-de-la-Ristigouche s'impose, avant de sillonner le territoire acadien. On en sort avec non seulement une compréhension de la bataille en question, mais de la tristesse et/ou de la colère face aux évènements tragiques qui ont marqué le cours de l'histoire dans la région de l'Atlantique. Quelques minutes plus tard, on arrive au pont que l'on traverse pour atteindre déjà dans la prochaine province!

Pourquoi si long pour traverser le Nouveau-Brunswick?
Il est effectivement concevable de franchir la province en 400 km, mais est-ce que ça vaut véritablement la peine? À mon humble avis, non. De Bathurst à environ Bouctouche, les routes les plus directes coupent à travers la forêt, en retrait de de la mer, s'arrêtant au moins de municipalités possible. De plus, elles sont achalandées et souvent sans accotement. Il y a toujours moyen de faire des compromis, mais selon moi, le parcours rapide équivaut à visiter Montréal par métro, sans émerger de son souterrain, ou encore, assister à une éclipse solaire partielle à 98 % plutôt que d’observer la totalité 10 km plus loin. En sortant des grandes routes, on passe par les villages acadiens (et autres), on trempe ses orteils dans l’eau, on part à la rencontre des habitants, bref, on voit le pays. Sur la route principale, on ne fait que se déplacer d’un point A au point B.

Et le Sentier de la Confédération?
« Un tunnel sous les arbres », voilà l’expression que plusieurs utilisent pour décrire ce genre de piste cyclable. Sauf que moi, les tunnels sous les arbres, je les affectionne bien! De toute façon, il n’est pas nécessaire de trancher entre l’un ou l’autre. Il est plutôt judicieux de prendre le sentier en arrivant sur l’ile, pour se diriger vers la côte nord. Là, on peut suivre les routes et revenir sur le sentier de temps à autre. Un de ses nombreux embranchements mène même directement au traversier de Souris!


Qu'est-ce que je fais, une fois rendu aux Iles?
Bravo, vous débarquez du traversier et vous êtes enfin sur les Iles. Profitez-en, ça sera peut-être votre dernière fois sur cet archipel! J’espère que vous prévu quelques jours avant de reprendre le bateau ou de rejoindre la terre ferme par voie aérienne. Le vent souffle souvent fort, ce qui diminue la distance que vous voudriez pédaler. Si vous pouvez, allez vers le nord, puis revenez vers le sud. Vous auriez déjà plus de chance que moi. Si les vents sont trop forts, explorez de fond en comble le centre de l'archipel. Prenez votre temps, allez-y mollo et oubliez les jours de 70 km, à moins d’avoir le vent dans le dos.

Si vous sortez des Iles en avion, il vous faudra deux choses : une boite et une taxifourgonette vers l'aéroport. Prévoyez votre coup, ayant en main un plan A et un plan B.

Pour en lire davantage et se préparer
- Récit de voyage personnel vers Campbellton
- Récit de voyage personnel jusqu'aux Iles
- Politique de voyage – VIA Rail
- Route verte du Québec
- Chemin du Roy
- Blogue – rive nord vs rive sud
- Véloroute de la Péninsule acadienne
- Pont de la Confédération – navette cycliste
- Sentier de la Confédération
- Traversier vers les Iles-de-la-Madeleine
- Les Iles-de-la-Madeleine à vélo